Psychomotricité et troubles de l’écriture

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Compte tenu de la grande méconnaissance de notre métier par le grand public (voire certains collègues paramédicaux), je me devais d’écrire un article sur ce sujet.
En effet, malgré la désinformation qui pullule sur internet, il faut bien comprendre que la rééducation du graphisme est un acte qui fait partie intégrante du décret de compétence des psychomotriciens.

(Vous pouvez retrouver ce décret à la page suivante : Cliquez ici)

Ainsi, sur prescription médicale, toute personne ayant des difficultés de graphisme peut s’adresser à un psychomotricien.

La rééducation du graphisme en psychomotricité s’adresse à toutes et tous, à tous les âges de la vie.

Les difficultés peuvent être de plusieurs ordres : elles peuvent toucher tant la qualité que la quantité (vitesse), et être associées ou non à des douleurs.
Elles peuvent être liées à une pathologie (dans le cadre d’une dysgraphie, d’une dyspraxie,..) à un trouble (du tonus, de la latéralité, visuo-spatiale…) ou encore être d’origine contextuelle (lié à un défaut d’apprentissage,…)

Même si la demande initiale est uniquement une difficulté autour de l’écriture, le psychomotricien effectuera un bilan complet (tonus, équilibre, posture, latéralité, espace, temps, motricité fine, motricité globale, schéma corporel…) afin de pouvoir déterminer les causes de ces difficultés et prendre en considération le patient dans sa globalité.

(En cas de suspicion de dysgraphie, un bilan psychomoteur pourra être prescrit afin de contribuer à infirmer ou confirmer un diagnostic que le médecin pourra alors poser, après étude des différents comptes-rendus de spécialistes médicaux ou paramédicaux en sa possession.)

Ces difficultés peuvent être associées à une pathologie (TDA/H, TED, Inhibition, Dyspraxie, Trisomie, Epilepsie, Maladies orphelines, Dépression,…) ; d’où l’importance que le patient soit pris en charge dans sa globalité, par un intervenant reconnu du corps médical.
En effet, rééduquer le graphisme seul, sans prendre le patient dans sa dimension psychologique, physique, environnemental est tout simplement une hérésie.
Ce serait alors comme « mettre un pansement sur une jambe de bois ».

En tant que psychomotriciens, il nous arrive régulièrement d’accueillir des patients ayant déjà eu une prise en charge exclusive du graphisme par d’autres praticiens non paramédicaux.
Pourquoi reviennent-ils ?
Pourquoi la difficulté n’est-elle pas réglée ?
Tout simplement car les causes les ayant amenés à consulter la première fois sont toujours présentes.
L’origine du problème a été évincée.
Seul le symptôme a été traité.
C’est un peu comme si pour une allergie, vous n’appliquiez que de la crème pour soulager l’urticaire associée. Comme si pour une angine d’origine bactériologique, vous ne faisiez que sucer des glaçons pour soulager la douleur.
Dans une prise en charge unidimensionnel (graphisme pur), le travail de fond a été abandonné au profit d’un travail de surface, plus visible, mais avec des résultats temporaires.

Ecrire ne se résume pas à une bonne posture ainsi qu’une bonne tenue du crayon. Ce ne sont pas simplement des signes associés ensemble pour former un mot, puis une phrase. C’est un mode de communication à part entière, qui nécessite la mise en place de nombreux pré-requis.


La psychomotricité s’inscrit dans le temps
, en rééduquant en profondeur les causes qui ont amené le patient à avoir ces difficultés, en l’aidant à trouver des compensations, tout en partant de son potentiel et de sa personnalité propre.
Alors si vous ou votre enfant avez des difficultés autour de l’écriture, n’hésitez pas à en parler à votre médecin et consulter un psychomotricien !!
 
 
 
PS : Merci à Christelle, collègue psychomotricienne en cabinet libéral, pour la relecture et correction de cet article
 
 
 
© Journal d’une psychomot’

8 commentaires

  1. Merci beaucoup pour cet article. Je suis actuellement en prépa Psychomot et je me rends compte que cette profession n’est pas assez expliquée aux jeune.
    Encore merci et bonne soirée

    • journaldunepsychomot

      Il suffit de voir la tête que font sans doute les personnes à qui vous dites être en prépa psychomot pour se rendre compte à quel point ce métier est méconnu :-) Je vous encourage à lire l’article « psycho quoi » qui traite de ce sujet !!

  2. Maman d’un grand dyspraxique (20 ans) je vous remercie pour cet article et votre implication dans votre travail.

  3. Personnellement, et de par mon expérience, je reste septique en ce qui concerne la dyspraxie !
    Pour nous la psychomotricienne est vraiment passé à côté…..et refusait d’entendre la suspicion de dyspraxie, pourtant confirmée par la suite…..l’année de prise en charge n’a pas été inutile, mais elle n’a pas non plus apportée de choses fondamentales…..ceci étant dit, et pour être honnête, les 2 psychologues consultés par ailleurs n’ont pas été plus clairvoyants…..
    Je crois aux prises en charges croisées, aux professionnels qui travaillent en réseau….à mon avis, c’est là que les choses avancent vraiment dans ce genre de problématique…..psychomotricité, certes, mais ergothérapie, regard d’un neuro-psychologue, orthoptiste…..qui communiquent entre eux…..la dyspraxie est un trouble complexe, et chacun doit apporter sa pierre à l’édifice…..

    • journaldunepsychomot

      Nous ne sommes pas habilités à poser un diagnostic de dyspraxie. Ceci dit, nos bilans (en complément des autres) doivent la mettre en évidence, et une fois le diagnostic posé par un médecin, on ne peut se permettre d’aller à son encontre !
      Quel âge avait votre enfant lorsqu’il a rencontré la psychomotricienne et les deux psychologues? Car il peut parfois être trop tôt pour se prononcer. Parfois également, l’enfant a mis de tels processus de compensation en place que la dyspraxie est difficilement décelable au cours du bilan.
      Tout comme vous, je crois aux prises en charges croisées, à la richesse des regards pluridisciplinaires. C’est essentiel ! Il me tient à coeur de communiquer le plus possible avec les différents acteurs de soins et la famille.

  4. Merci !!! j’aime cette façon de mettre en avant nos compétences, en visant entre les lignes des pratiques qui nous inquiètent, mais pas en les attaquant sur la forme, mais bien sur le fond… et sans jamais les nommer :-)

  5. Perichon Bourgault

    Merci beaucoup pour cet article qui met en valeur nos compétences.